Le Sûtra du Lotus

Sutra du Lotus

 

 

De tous les textes sacrés du bouddhisme Mahayana, le Sûtra du Lotus compte parmi les plus importants. Il a été, au cours des siècles, l’objet d’une profonde vénération de la part des croyants bouddhistes à travers la Chine, la Corée, le Japon et d’autres régions d’Asie orientale.

 

« Sûtra » est un mot sanskrit signifiant à l’origine « fil conducteur ». Il désigne un texte qui suit le fil des enseignements du bouddha Shakyamuni.

 

Quant à la fleur de lotus, elle est, dans les cultures asiatiques, un symbole de pureté, de beauté et de noblesse. Cette fleur a notamment la caractéristique de s’épanouir sur des étangs boueux, symbolisant le fait que cet enseignement est destiné à une époque troublée, où il a le pouvoir de rendre l’éveil accessible à tous.

 

 

La place du Sûtra du Lotus parmi les enseignements du Bouddha

 

Ce Sûtra est généralement considéré comme le dernier grand enseignement, l’aboutissement, de la vie du Bouddha. Il y révèle l’existence d’une réalité inhérente à toute chose, appelée l'état de bouddha. Il affirme également que les difficultés de la vie quotidienne constituent un terrain d'entraînement et une opportunité pour chaque personne d'entreprendre une profonde transformation intérieure. Ce faisant, il encourage à s'engager activement à soutenir les autres et à contribuer positivement à la société.

 

C'est également le seul des enseignements qui affirme avec force la conviction que l’illumination est accessible à tous, sans distinction de capacités, de statut, de sexe, d'ethnie, de culture ou d’éducation. Le Sûtra du Lotus est donc l'expression d'un humanisme universel, qui érige en valeur suprême le caractère sacré de la vie.

 

 

illumination budd

Les sept paraboles du Sûtra du Lotus

C’est au moyen de sept paraboles que le Sûtra du Lotus expose à l’attention de ses pratiquants et illustre de façon accessible ses profonds principes philosophiques.

 

  • La parabole des trois chariots et de la maison en feu
  • La parabole de l’homme riche et de son fils pauvre
  • La parabole des trois sortes d’herbes médicinales et des deux sortes d’arbres
  • La parabole de la cité illusoire
  • La parabole du joyau cousu dans la doublure du vêtement
  • La parabole du joyau sans prix dans la coiffe
  • La parabole de l’excellent médecin et de ses enfants malades

 

 

maison en feu

La parabole des trois chariots et de la maison en feu

 

Un homme riche vit avec ses nombreux enfants lorsque, un jour, sa maison prend feu. Tout à leurs jeux, les enfants refusent d’écouter leur père qui leur commande de sortir de la maison. Alors le père leur dit : « J’ai de merveilleux chariots, tirés par une chèvre, un daim, et un bœuf. Vous devriez sortir les voir ». Ils se précipitent alors joyeusement hors de la maison en flammes. Les enfants sont enchantés de recevoir chacun un grand chariot tiré par un bœuf blanc, encore plus beau que ce que leur père leur avait promis.

Fuir la “maison en feu” pour goûter le bonheur absolu

Il n'y a nulle sécurité dans le Monde des trois plans ; à l'instar de la maison en flammes (...) Ce Monde des trois plans est aujourd'hui mon domaine et les êtres vivants qui le peuplent sont tous mes enfants. Ce lieu est à présent affligé de maux et d'épreuves multiples, je suis la seule personne qui puisse sauver et protéger les autres, mais, même si je leur enseigne et les instruis, ils ne croient ni n'acceptent mes enseignements, torturés qu'ils sont par les désirs, ils s'enfoncent dans l'avidité et les attachements. 
SdL-III, 84.

Cette parabole est tirée du 3e chapitre du Sûtra du Lotus, intitulé “Analogies et paraboles”. Ici, la “maison en feu” est une métaphore du monde dans lequel nous vivons, en proie aux “flammes” des souffrance, des troubles et des illusions. Les trois sortes de chariots représentent les “trois véhicules” conduisant respectivement aux états d'étude, d'éveil pour soi et de bodhisattva. Et le grand chariot tiré par un bœuf blanc correspond au Véhicule unique du Sûtra du Lotus.

 

 

l'homme riche fils pauvre

La parabole de l’homme riche et de son fils pauvre

 

Encore enfant, le fils d'un homme riche s'enfuit de son foyer. Après avoir erré dans une épouvantable pauvreté des années durant, il arrive dans le château de ses jeunes années. L'homme riche l'identifie immédiatement, mais lui ne reconnaît ni son père ni les lieux. Il est si intimidé et paniqué qu’il prend la fuite. Empli de pitié, le père demande à ses serviteurs de le ramener, sans lui révéler qu’il est son père, et il l’emploie alors comme balayeur. Le fils travaille sérieusement, et au fil du temps, se voit confier la gestion des biens de l'homme riche. Sentant sa mort prochaine, le père dévoile la véritable identité de son employé devant le roi, les ministres, sa famille, etc. Et il lui lègue tous ses biens.

 

Hériter des trésors de l'enseignement bouddhique

 

Sachant que certains ont un penchant pour les choses insignifiantes, [le Bouddha] se sert du pouvoir de moyens opportuns pour façonner et tempérer leur esprit. Ce n'est qu'ensuite qu'il leur enseigne la grande sagesse. Aujourd'hui nous avons obtenu ce que nous n'avions jamais eu auparavant ; ce que nous n'avions jamais espéré précédemment nous est arrivé spontanément. Nous sommes comme le fils appauvri qui a gagné un trésor incommensurable... 
SdL-IV, 106-107.

 

 

Cette parabole est tirée du 4e chapitre du Sûtra du Lotus, intitulé “Croire et comprendre”. Elle illustre la “méthode pédagogique” du Bouddha, pourrait-on dire, qui a tout d’abord transmis de nombreux enseignements comme moyens opportuns, avant de prêcher finalement le Sûtra du Lotus. Les divers emplois offerts par le roi à son fils, de balayeur jusqu'à administrateur des biens, correspondent à ces enseignements provisoires. Et le fait qu'il lui lègue finalement tous ses biens symbolise le Sûtra du Lotus. Car c'est dans cet ultime enseignement que toutes les personnes, dans les dix états, s'éveillent à leur véritable identité, et atteignent ainsi la bouddhéité.

 

paraboles-3sortes d arbres

La parabole des trois sortes d’herbes médicinales et des deux sortes d’arbres

 

 

La pluie nourrit « les trois sortes d’herbes médicinales et les deux sortes d’arbres » - c-à-d toutes les diverses plantes qui poussent sur Terre - de façon égale, mais elles en tirent des bienfaits différents selon leur espèce, et chacune peut ainsi se développer selon la nature qui lui est propre.

 

La coexistence dans la diversité - L'impartialité du Bouddha

 

J'apparais dans le monde comme un grand nuage qui arrose et irrigue les êtres vivants desséchés et fanés (...) Je considère toutes choses comme universellement égales. Je ne favorise ni ceci ni cela, je n'aime pas ceci et ne déteste pas cela. Je n'ai ni avidité ni attachement, et suis sans limites ni entraves. De tous temps, pour toutes choses, je prêche pareillement la Loi ; comme je le ferai à une seule personne, je le ferais à une foule mêmement. (...) je fais pleuvoir la pluie du Dharma sur tous uniformément. 
SdL-V, 113-114.

 

Avec une bienveillance impartiale, la véritable intention du Bouddha est de conduire tous les êtres au Véhicule unique de la bouddhéité. Tel un grand nuage, il dispense dans le Sûtra du Lotus un enseignement qui est le même pour tous. Mais, selon leurs capacités et caractéristiques respectives, les personnes en bénéficient différemment. 
Cette parabole montre également la possibilité d’une coexistence harmonieuse des êtres humains et de toutes les formes de vies dans leur diversité.

 

 

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La parabole de la cité illusoire

 

Des voyageurs entreprennent une longue expédition à la recherche de l'un lieu où se trouve un trésor. A mi-chemin, épuisés et découragés, les voyageurs veulent maintenant abandonner le voyage. Voyant cela, leur guide utilise ses pouvoirs magiques pour faire apparaître à l'horizon une grande cité fortifiée où ils pourront se reposer. 
Après qu’ils se soient reposés, le guide fait disparaître l’illusion de la ville et leur annonce que la terre aux trésors n'est plus très loin, et les encourage à reprendre leur route.

 

Avancer avec espoir, ensemble

 

Je constate que ceux qui cherchent la voie se découragent à mi-chemin, incapables de gravir la route escarpée de la naissance, de la mort et des désirs terrestres ; c'est pourquoi j'utilise le pouvoir des moyens opportuns et prêche le nirvana pour leur procurer du repos (...) Pour obtenir la sagesse omnisciente du Bouddha, vous devez fournir des efforts diligents. (...) Les bouddhas, en leur qualité de guides, prêchent le nirvana pour procurer le repos. Mais, lorsqu'ils vous savent reposés, ils vous guident plus loin, vers la sagesse du Bouddha. 
SdL-VII, 145-146.

Cette parabole est tirée du 7e chapitre du Sûtra du Lotus, intitulé “Parabole de la cité illusoire”. Elle rappelle que le Bouddha a prêché de nombreux enseignements provisoires afin de mener progressivement les personnes au “Véhicule unique” du Sûtra du Lotus, qui concrétise sa véritable intention.

 

 

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La parabole du joyau cousu dans la doublure du vêtement

 

Un homme rend visite à un ami. Après avoir mangé et bu tout son soûl, il s’étend et s’assoupit. Son ami doit partir pour affaires mais auparavant, il prend soin de coudre un joyau inestimable dans la doublure du vêtement de son invité. A son réveil, l'homme continue sa vie et supporte mille difficultés, toujours dans le besoin. Quelque temps plus tard, les deux hommes se retrouvent par hasard. L’ami riche, consterné que l’autre mène une vie toujours aussi miséreuse lui parle du joyau qui lui avait offert. Surpris, l'homme pauvre trouve le joyau caché et réalise pour la première fois qu'il possédait tout ce temps un joyau sans prix.

Le précieux joyau de l'état de bouddha inhérent

Nous sommes comme cet homme. Tout au long de la nuit, dans sa compassion, l'Honoré du monde nous enseigne et nous convertit, nous incitant à planter les semences d'une aspiration inégalée. Quant à nous, dépourvus de sagesse, nous sommes ignorants et inconscients. 
SdL-VIII, 155.

Cette parabole est tirée du 8e chapitre du Sûtra du Lotus, intitulé “Prophétie de l’illumination à cinq cents disciples”. Le joyau symbolise l'état de bouddha inhérent à la vie de tous les êtres humains. L'homme pauvre représente les personnes ordinaires, qui ignorent qu'elles possèdent ce potentiel à l'intérieur de leur propre vie. 
Cette parabole illustre combien les êtres humains mènent souvent une existence ballottée par des préoccupations superficielles. En proie aux illusions, ils ignorent qu'ils possèdent le joyau précieux de la bouddhéité, caché au plus profond d'eux-mêmes.

 

 

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La parabole du joyau sans prix dans la coiffe

 

Après une bataille victorieuse, un grand Roi-qui-fait-tourner-la-rue récompense ses soldats en leur offrant châteaux, vêtements, or, argent et autres trésors. Il offre avec joie le joyau inestimable caché dans sa coiffe à son meilleur soldat.

“Je commence désormais à prêcher le roi des sûtras”

[L'Ainsi-venu] voit tous ces gens en proie à l'angoisse et à la souffrance en quête de libération (...) et, pour le bien de ces êtres vivants, il prêche diverses doctrines, se servant de moyens opportuns et prêchant ces sûtras. Quand il sait que les êtres vivants ont obtenu grâce à eux une force suffisante, alors, en dernière instance, il prêche pour leur bien le Sûtra du Lotus, comme le roi qui défait son chignon pour en donner l'étincelant joyau. 
SdL-XIV, 203-204.

Cette parabole est tirée du 14e chapitre du Sûtra du Lotus, intitulé “Les pratiques paisibles”. Elle compare le Bouddha, luttant contre les rois-démons, à un souverain généreux envers ses sujets. le Bouddha est “roi” de la Loi bouddhique. Il prêche divers enseignements opportuns, puis finit par exposer le Sûtra du Lotus. 
Cette parabole indique que le temps est venu pour le Bouddha de transmettre l’inestimable joyau, c’est-à-dire de prêcher son enseignement ultime, le Sûtra du Lotus.

 

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La parabole de l’excellent médecin et de ses enfants malades

 

Un médecin de grand talent a une centaine d'enfants. Un jour, de retour chez lui, il découvre ses enfants se tordant de douleur après avoir absorbé du poison. Il leur prépare un remède efficace mais certains de ses enfants le refusent, tant le poison a troublé leur esprit...

Empli de pitié, il use alors d'un stratagème. Il leur dit : « Je laisse ici ce bon remède pour vous. Vous devez le boire sans penser qu'il est inefficace. » Puis il part dans un pays lointain d'où il leur fait parvenir par un messager la nouvelle de sa mort. Sous le choc et profondément attristés en pensant à leur père bien-aimé, les enfants retrouvent leurs esprits et prennent le médicament. Ils sont immédiatement guéris. En apprenant leur guérison, le père rentre chez lui.

 

L'état de bouddha inhérent est éternel

 

[Le Bouddha] est semblable à un médecin expérimenté, qui emploierait un moyen opportun pour guérir ses enfants à l'esprit égaré. Il se fait passer pour mort, bien qu'il soit vivant, sans que quiconque puisse affirmer qu'il ait menti. Je suis le père de ce monde, qui sauve ceux qui sont dans l'affliction. (...) A tout moment je m'interroge : “Comment puis-je permettre aux êtres vivants d'accéder à la voie inégalée et d'acquérir rapidement le corps d'un bouddha ?” 
SdL-XVI, 223.

Cette parabole apparaît dans le 16e chapitre du Sûtra du Lotus, intitulé “La durée de la vie de l’Ainsi-venu”. L'excellent médecin représente le Bouddha, et ses enfants les personnes ordinaires qui peuplent le monde. Les enfants qui ont perdu l'esprit représentent ceux qui sont incapables de croire que l'état de bouddha existe en eux-mêmes et chez les autres. Le bon médicament est le Sûtra du Lotus, enseignement suprême, exposant ce principe. 
De plus, la mort du Bouddha est présentée ici comme un “moyen opportun”, attisant l'esprit de recherche des gens. La nature de bouddha est éternelle, elle ne meurt pas. Aussi, le fait que le Bouddha “retourne chez lui” représente l'éveil d'une personne à son propre état de bouddha inhérent.

 

Fondé sur la préface de Burton Watson au Sûtra du Lotus édité aux Indes Savantes

 

 

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Commentaires (1)

Val

Plénitude spirituelle et sensuelle, mode d'emploi ?

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